La viande in vitro, est-ce encore la force ?

Bonjour !

Aujourd’hui, nous allons parler de viande! A la suite d’un article provocateur, publié en réponse à un billet de Ludivine traitant de la consommation de protéines animales, j’ai de nouveaux éléments de réflexion à vous apporter concernant la production et la consommation de produits carnés.

Mais commençons par un peu de littérature, avec un extrait d’un célèbre roman d’anticipation.

« L’élevage, cette horreur, avait également disparu. Elever, chérir des bêtes pour les livrer ensuite au couteau du boucher, c’étaient bien là des mœurs digne des barbares du XXème siècle. Le « bétail » n’existait plus. La viande était « cultivée » sous la direction de chimistes spécialistes et selon les méthodes, mises au point et industrialisées, du génial précurseur Carrel, dont l’immortel cœur de poulet vivait encore au musée de la Société Protectrice des Animaux. Le produit de cette fabrication était une viande parfaite, tendre, sans tendons, ni peaux ni graisses, et d’une grande variété de goûts. Non seulement l’industrie offrait au consommateur des viandes au goût de bœuf, de veau, de chevreuil, de faisan, de pigeon, de chardonneret, d’antilope, de girafe, de pied d’éléphant, d’ours, de chamois, de lapin, d’oie, de poulet, de lion et de mille autres variétés, servies en tranches épaisses et saignantes à souhait, mais encore des firmes spécialisées, à l’avant garde de la gastronomie, produisaient des viandes extraordinaires qui, cuites à l’eau ou grillées, sans autre addition qu’une pincée de sel, rappelaient par leur saveur et leur fumet les préparations les plus fameuses de la cuisine traditionnelles, depuis le simple bœuf miroton, jusqu’au civet de lièvre à la royale.

Pour les raffinés, une maison célèbre fabriquait des viandes à goût de fruit ou de confiture, à parfum de fleurs. L’association chrétienne des abstinents, qui avait pris pour devise : « Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger », possédait sa propre usine. Afin de les aider à éviter le péché de gourmandise, elle y cultivait pour ses membres une viande sans goût.

La Brasserie 13 n’était qu’une succursale de la célèbre usine du bifteck-frites, qui connaissait une grande prospérité. Il n’était pas une boucherie parisienne qui ne vendit son plat populaire. Le sous-sol de la brasserie abritait l’immense bac à sérum où plongeait la « mère », bloc de viande de près de cinq cents tonnes.

Un dispositif automatique la taillait en forme de cube, et lui coupait, toutes les heures une tranche gigantesque sur chaque face. Elle repoussait indéfiniment. Une galerie courait autour du bac. Le dimanche, le bon peuple était admis à circuler. Il jetait un regard attendri à la « mère », et remontait à la brasserie en déguster un morceau, garni de graines de soja géant, coupées en tranche et frites à l’huile de houille. La fameuse bière 13, tirée de l’argile coulait à flots. (…) »

Ravage, Barjavel, 1943

Ce passage de l’œuvre de Barjavel, dont l’action se déroule en 2052 (une époque pas si lointaine !), décrit les solutions technologiques mises en œuvre par l’homme pour solutionner l’une des grandes problématiques de l’élevage en la question de l’éthique. Bien que celle-ci soit loin d’être la seule posée dans notre monde réel contemporain, la solution abordée par l’auteur n’est pas sans nous rappeler quelques faits de l’actualité scientifique récente en matière de culture cellulaire et de production de viande in vitro. Pour vous mettre au point, voici quelques ressources à consulter:

La viande de culture est présentée dans ces documents comme attrayante de par la mise en avant de certains avantages écologiques, limitation des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités agricoles en premier lieu. Un point de vue plus global sur la question, proposé par Jean-François Hoquette de l’INRA Clermont-Ferrand et partiellement repris dans l’article du Figaro, a été proposé lors d’une conférence dont voici le diaporama :

Face à ces données et à des points de vue divergents sur les plans scientifiques (futur proche vs utopie), économiques (coût des produits finis) et environnementaux (gaz à effets de serre vs services écologiques), des évolutions des comportements alimentaires des pays du Sud, et dans un contexte de limitation nécessaire du développement des activités d’élevage sur le long terme, nous pouvons nous attendre à ce que la viande in vitro fasse encore parler d’elle.

Celle-ci, plus saine dans la mesure où elle sera de composition chimiquement et biologiquement déterminée, mais paradoxalement plus dangereuse tant que sa biologie moléculaire ne sera pas parfaitement élucidée, connaîtra-t-elle un développement technologique de ses méthodes de productions impulsé par une demande mondiale en produits carnés impossible à satisfaire de manière raisonnable par l’élevage ? Serait-il au contraire plus intelligent de limiter ces démarches biotechnologiques afin de promouvoir les productions végétales, moins gourmandes en ressources et en surfaces, et d’orienter ainsi un changement des comportements alimentaires vers un quasi-végétarisme ? Est ce que les recettes du black metal vegan chef nous sauveront tous d’une crise alimentaire certaine ?

Tant de questions… amis végétariens, carnivores et autres omnivores, j’attends vos avis !

A très bientôt !

Agriculture, QR codes et vente directe

En voilà une d’initiative qui ne manque pas de culot, et qui fait une utilisation intelligente des nouvelles technologies dans le monde agricole ! Inspirez-vous, inspirez-vous… 😉

De la conception d’une vache à bière

Bonjour, bonjour !

Aujourd’hui, nous nous intéresserons à un vrai débat scientifique, soulevé de manière innocente par nos amis de chez MetalmaniaX (c.f. ci-dessus, Vince en train de penser) pour faire suite à l’annonce de la production pour les fêtes de fin d’année d’une bière anglaise aromatisée au fromage (gné ?). La problématique posée est la suivante: est-il possible de créer une vache produisant de la bière ?

Afin de proposer quelques éléments de réponse, revenons quelques minutes sur le fonctionnement des ruminants. Une vache se nourrit de matières végétales, dont la fermentation par les microorganismes du rumen (l' »estomac » des ruminants) permet d’une part de nourrir de manière directe l’organisme de l’animal, et d’autre part de nourrir les microbes fermenteurs qui, une fois morts et dégradés, libèreront à leur tour des nutriments. Dans le rumen, tout un petit monde microbien s’active donc à dégrader les éléments ingérés par la vache, qui, buvant suffisamment d’eau, peut être considérée comme un gros fermenteur sur pattes. Certains des éléments ainsi digérés passeront enfin vers les glandes mammaires de l’animal, et seront à même de modifier la composition du lait.

Voila pour le fonctionnement en gros.

Maintenant, intéressons-nous au brassage de la bière, qui peut être décomposé en quatre différentes étapes : maltage, saccharification, houblonnage et fermentation. Alors que l’opération de maltage peut être externalisée chez des malteurs, spécialisés dans ces délicates opérations de germination, la saccharification, le houblonnage et la fermentation doivent avoir lieu chez le brasseur. La saccharification consiste en la transformation de l’amidon du malt en sucres fermentescibles, le houblonnage se réfère à l’incorporation du houblon et des épices, et la fermentation est la formation d’alcool et de dioxyde de carbone par l’activité des levures.

Imaginons maintenant une vache à bière. Celle-ci aurait ainsi besoin de beaucoup d’eau, de sucres fermentescibles, d’éléments aromatiques du houblon et des épices, et de levures. La vache buvant naturellement beaucoup d’eau, ce point ne pose pas de problème. Les sucres fermentescibles peuvent quant à eux être obtenus par la fermentation naturelle d’aliments à forte teneur en amidon au sein du rumen. Ils devront ensuite être transportés au sein de la mamelle, tout comme les éléments aromatiques du houblon et des épices. Ici se pose donc la question de l’amélioration du transport de ces éléments dans cette partie de l’organisme, que nous admettrons réglée par des modifications génétiques à venir. Ces modifications devront également inclure l’inactivation de la production de lactose et des matières grasses, afin de réduire à néant toute sécrétion lactée. Une fois les sucres fermentescibles et arômes au sein de la mamelle, la fermentation pourrait y avoir lieu, laquelle aurait enfin été améliorée en vue de sa symbiose avec les levures S. cerevisae (suppression immunitaire sélective).

En fonction du malt, du houblon et des épices consommées par l’animal, et après une fermentation rapide au sein de la mamelle modifiée, le soutirage d’une bonne bière de vache se ferait ainsi directement au pis, comme le présente la figure suivante.

Se poseront néanmoins des questions concernant l’équilibre nutritionnel, la physiologie, la prophylaxie, la génétique et j’en passe, que nous réserverons à nos amis chercheurs et vétérinaires, bien plus expérimentés en la matière.

Vous comprendrez bien évidemment que ce billet est à prendre au n-ième degré (oui, c’est pour ça qu’il entre dans la catégorie « déviances » – c’est que j’ai une réputation à tenir, moi !). Mais il peut cependant ouvrir le débat sur des problématiques plus larges concernant, en vrac, les schémas de sélection animaux sur critères de performances (bien souvent au détriment de la rusticité de races à désormais faibles effectifs – il suffit de voir la composition des cheptels français), mais aussi d’ordre éthique quant à la production d’animaux génétiquement modifiés en vue de la production d' »alicaments » ou de composés d’intérêt… Nous prendrons pour exemple les vaches argentines et chinoises, capables de produire un lait contenant des protéines humaines.

Amis biologistes, quel est votre sentiment là-dessus ? Amis métalleux, boiriez-vous une telle bière ? Amis biologistes-métalleux, boiriez-vous une telle bière en ayant un sentiment là-dessus ?

Pour la science <o/

Cordialement,

Des bisous.

EDIT : de toutes façons, les vaches cachent bien leur jeu !

Achievement !

Ca y est! Le rapport de stage en exploitation agricole est bouclé, imprimé, relié !

Les étudiant-zombies élevés en batterie vont maintenant pouvoir sortir de leurs tanières, en attendant que professeurs et agriculteurs lisent leurs productions… Je ne sais pas pour vous, mais j’appréhende beaucoup le regard des agriculteurs sur notre travail, car entre les chapitres où il est clair que l’on aura fait le maximum possible en situation de manque d’information (et même que ça donnera des trucs pas terribles), et d’autres passages incluent des points de vue et analyses comprenant une certaine part de subjectivité, je ne sais pas comment mes maîtres de stages verront tout ça… Alors, Nath, Franck, soyez indulgents… 🙂

Et pour tout le monde : paix et amour chez vos agriculteurs !

(oui, on risque d’en avoir besoin)

VetAgro Sup à la télé !