De la conception d’une vache à bière

Bonjour, bonjour !

Aujourd’hui, nous nous intéresserons à un vrai débat scientifique, soulevé de manière innocente par nos amis de chez MetalmaniaX (c.f. ci-dessus, Vince en train de penser) pour faire suite à l’annonce de la production pour les fêtes de fin d’année d’une bière anglaise aromatisée au fromage (gné ?). La problématique posée est la suivante: est-il possible de créer une vache produisant de la bière ?

Afin de proposer quelques éléments de réponse, revenons quelques minutes sur le fonctionnement des ruminants. Une vache se nourrit de matières végétales, dont la fermentation par les microorganismes du rumen (l' »estomac » des ruminants) permet d’une part de nourrir de manière directe l’organisme de l’animal, et d’autre part de nourrir les microbes fermenteurs qui, une fois morts et dégradés, libèreront à leur tour des nutriments. Dans le rumen, tout un petit monde microbien s’active donc à dégrader les éléments ingérés par la vache, qui, buvant suffisamment d’eau, peut être considérée comme un gros fermenteur sur pattes. Certains des éléments ainsi digérés passeront enfin vers les glandes mammaires de l’animal, et seront à même de modifier la composition du lait.

Voila pour le fonctionnement en gros.

Maintenant, intéressons-nous au brassage de la bière, qui peut être décomposé en quatre différentes étapes : maltage, saccharification, houblonnage et fermentation. Alors que l’opération de maltage peut être externalisée chez des malteurs, spécialisés dans ces délicates opérations de germination, la saccharification, le houblonnage et la fermentation doivent avoir lieu chez le brasseur. La saccharification consiste en la transformation de l’amidon du malt en sucres fermentescibles, le houblonnage se réfère à l’incorporation du houblon et des épices, et la fermentation est la formation d’alcool et de dioxyde de carbone par l’activité des levures.

Imaginons maintenant une vache à bière. Celle-ci aurait ainsi besoin de beaucoup d’eau, de sucres fermentescibles, d’éléments aromatiques du houblon et des épices, et de levures. La vache buvant naturellement beaucoup d’eau, ce point ne pose pas de problème. Les sucres fermentescibles peuvent quant à eux être obtenus par la fermentation naturelle d’aliments à forte teneur en amidon au sein du rumen. Ils devront ensuite être transportés au sein de la mamelle, tout comme les éléments aromatiques du houblon et des épices. Ici se pose donc la question de l’amélioration du transport de ces éléments dans cette partie de l’organisme, que nous admettrons réglée par des modifications génétiques à venir. Ces modifications devront également inclure l’inactivation de la production de lactose et des matières grasses, afin de réduire à néant toute sécrétion lactée. Une fois les sucres fermentescibles et arômes au sein de la mamelle, la fermentation pourrait y avoir lieu, laquelle aurait enfin été améliorée en vue de sa symbiose avec les levures S. cerevisae (suppression immunitaire sélective).

En fonction du malt, du houblon et des épices consommées par l’animal, et après une fermentation rapide au sein de la mamelle modifiée, le soutirage d’une bonne bière de vache se ferait ainsi directement au pis, comme le présente la figure suivante.

Se poseront néanmoins des questions concernant l’équilibre nutritionnel, la physiologie, la prophylaxie, la génétique et j’en passe, que nous réserverons à nos amis chercheurs et vétérinaires, bien plus expérimentés en la matière.

Vous comprendrez bien évidemment que ce billet est à prendre au n-ième degré (oui, c’est pour ça qu’il entre dans la catégorie « déviances » – c’est que j’ai une réputation à tenir, moi !). Mais il peut cependant ouvrir le débat sur des problématiques plus larges concernant, en vrac, les schémas de sélection animaux sur critères de performances (bien souvent au détriment de la rusticité de races à désormais faibles effectifs – il suffit de voir la composition des cheptels français), mais aussi d’ordre éthique quant à la production d’animaux génétiquement modifiés en vue de la production d' »alicaments » ou de composés d’intérêt… Nous prendrons pour exemple les vaches argentines et chinoises, capables de produire un lait contenant des protéines humaines.

Amis biologistes, quel est votre sentiment là-dessus ? Amis métalleux, boiriez-vous une telle bière ? Amis biologistes-métalleux, boiriez-vous une telle bière en ayant un sentiment là-dessus ?

Pour la science <o/

Cordialement,

Des bisous.

EDIT : de toutes façons, les vaches cachent bien leur jeu !