Hello !
Profitant des liaisons sympathiques proposées par Ryanair au départ de l’aéroport Marseille Provence, nous sommes partis avec Cécile une dizaine de jours à Fès. Cela faisait longtemps que j’avais envie de mettre les pieds dans ce pays ; voilà chose faite, même s’il suffit de regarder une carte pour se rendre compte de la grande diversité de paysages que peut offrir le Maroc, et ainsi comprendre qu’un séjour dans une seule ville ne peut en aucun cas être représentatif d’un pays si étendu.
Fès, donc, et ses 1,1 million d’habitants séparés entre ville nouvelle et médina. Etalée à flanc de colline(s), cette dernière alias Fès El-bali, possède une myriade de ruelles dont le cheminement en montées et descente constitue le plus grand ensemble piétonnier au monde et contribue au côté labyrinthique du lieu (voir la vidéo en toute fin d’article). Ses commerçants, habitués aux touristes, n’ont pas peut d’attirer le chaland en plusieurs langues et invitent volontiers le badaud à visiter une échoppe « pour le plaisir des yeux ». Ses boutiques et ateliers qui débordent sur la rue, quand la rue n’est pas elle même un souk – au sens premier du terme. On dit qu’il faut se perdre dans la médina pour mieux la découvrir, quitte à se faire montrer le chemin par les commerçants ou les enfants contre quelques dirhams. C’est ce qu’il nous est arrivé dès le début de notre séjour, et de nous faire spontanément « guider » par un local de l’étape qui n’a pas hésité à demander – de manière assez déplaisante – une somme déraisonnable pour le service rendu. Une expérience désagréable qui nous a par la suite incité à perdre un peu en contemplation, et nous cantonner aux ruelles passantes telles que décrites dans les circuits de découverte de la ville. Un petit jeu de piste rigolo, d’ailleurs, consiste à repérer dans l’environnement visuellement surchargé les panneaux de couleur spécifiques aux différents circuits, avant d’essayer de suivre la direction approximativement indiquée. Idem pour des encadrés d’interprétation placardés sur les façades de certaines mosquées, caravansérails et autres haut-lieux du patrimoine, noyés dans l’agitation de la vieille ville. Ce qui est dommage, car la cité est très ancienne et chargée d’histoire, cependant cette dernière semble difficilement accessible, quelquefois pour des raisons religieuses (un certain nombre de points d’intérêt comme l’université Al Quaraouiyine sont interdits d’accès aux non-musulmans), mais aussi de par l’effort nécessaire en termes d’orientation dans cette fourmilière. Les toits-terrasses des cafés (coucou, le Café Clock) sont autant de lieux permettant de se couper du tohu-bohu de la rue et d’apprécier de voir la ville du dessus – et même de l’entendre, pour peu que l’on y soit à l’heure de l’appel à la prière (de loin le truc le plus perturbant du séjour). Et aussi de profiter de ce que la cuisine marocaine a à nous offrir !
Parce qu’il faut bien admettre que ces gens là, en plus d’avoir un climat scandaleusement favorable à toute une tripotée de fruits et de légumes, et un passé riche de caravanes chargées d’épices à ras-le-chameau, savent cuisiner (en se passant très bien de porc, avant que vous ne posiez la question). Entre les oliveraies et autres vergers à perte de vue, et la profusion de fruits et légumes frais sur les étals des marchés (j’ai été bluffé par celui de Sefrou, un peu au sud en se rapprochant des contreforts du Moyen Atlas, une vraie corne d’abondance en regard de la taille assez modeste de la ville), les yéma marocaines doivent probablement avoir à longueur d’année de quoi cuisiner tout ce qu’elles veulent. Et nous, ce qu’on voulait lors du cours de cuisine que m’a offert Cécile pour mon anniversaire, c’était un tajine d’agneau aux pruneaux et aux amandes 🙂
Vous l’aurez compris, et au contraire de nos dernières escapades, on était sur place aussi et surtout pour se reposer. Au delà de bonnes grasses matinées et de dodo tôt (plus quelques films « maghrebisants » en streaming pour rester dans l’ambiance), on a donc beaucoup flâné et on a essayé de se mettre le moins de pression possible. Il y a autour de la médina de Fès quelques endroits où il n’est pas désagréable de flâner ou de se poser pour observer les gens, comme le jardin Jnan Sbil, la place Boujloud ou l’esplanade du palais royal Dar el-Makhzen. Nous avons été nous promener par le train jusqu’à Meknès, où la place El Hedim semble jouer le rôle de forum pour les locaux (et où se tient dans les ruelles environnantes un marché hebdomadaire très animé), et par des grands taxis jusqu’à Sefrou et Ifrane, respectivement une petite ville agricole fort sympathique où nous avons embauché Zacharia pour nous guider (un « ancien hippie », comme il a aimé se décrire, agréable et plein d’anecdotes), et une station climatique supposément fréquentée par les marocains aisés (la « petite Suisse » du Maroc) mais léthargique lors de notre venue. Dans la lignée des promenades et de la détente, nous ne pouvions pas repartir sans avoir fait un tour dans un hammam. La mixité n’étant pas particulièrement de mise (malgré des attitudes progressistes du roi Mohammed VI sur ces questions en comparaison aux autres pays du Maghreb), nous avons malheureusement été contraints de nous rabattre sur le hammam d’un palais des Mille et une Nuits (pauvre de nous !) où nous nous sommes fait chouchouter avec un excellent gommage au savon noir à l’eucalyptus 🙂
Voilà pour l’essentiel ! En conclusion et de mon point de vue, le Maroc semble être un pays qui a beaucoup à offrir en termes d’expérience de voyage, mais qui peut parfois nécessiter une bonne préparation ou un accompagnement pour en tirer le meilleur parti. Dans tous les cas, c’est un très bon rapport dépaysement/prix (merci Ryanair !). Si je devais y revenir, je pense que ce serait au travers d’un voyage un peu plus organisé, dans une région plus reculée ; un trek ou un raid pourraient ainsi être des alternatives intéressantes.
A plus !
Lectures supplémentaires : « Imaginaire touristique et émotion patrimoniale dans la médina de Fès », Muriel GIRARD