Hier soir, je suis parti me promener, histoire de profiter de la fraîcheur de la nuit tombante. Et comme à chaque fois que je pars marcher, je finis à un moment où à un autre par traverser le vieux village. Il est facile de considérer Contes comme une ville qui ne vit qu’à moitié, ne serait-ce qu’à cause de sa topographie. Le vieux village, perché sur le piton rocheux du Couorn, n’accueille guère plus d’animations et de fêtes populaires comme ce fut le cas autrefois et au contraire de la Grava, la ville jeune située une cinquantaine de mètres plus bas, qui peut s’enorgueillir d’héberger services publics, commerces, loisirs et maï.
Mais c’est sans compter sur l’été et sa chaleur, qui fait fonctionner les gens du Sud à l’envers : finestra chiusa nella giornata, ed aperta alla sera! Dès les premiers courants d’air frais, ce sont les volets qui s’ouvrent et la vie qui revient, dans un village transformé en dortoir par les truchements de l’histoire. Les pierres des murs sont encore chaudes du lourd soleil de la journée, quelques tarentes s’en délectent. Une discussion avec un oncle accoudé à sa fenêtre, cigarette au bec. Cliquetis de couverts, bonne humeur et cris d’enfants résonnent des balcons. Il n’en faut pas plus pour se prendre à imaginer la vie ici par le passé. Probablement plus communautaire, assurément plus tranquille.
Moi, nostalgique d’une époque que je n’ai jamais vécue ? Les traditions, qu’ils appellent ça. Des gens, probablement très nostalgiques pour leur part (ou alors très amoureux, mais c’est tout comme), passent leur vie à relater, à faire, ou à s’inspirer des choses traditionnelles. Parmi eusse, j’aime Georges Delserre Tabarraud pour son livre « Histoire des Contois: dai tremp’oli ai superbi », le Corou de Berra, le musée des arts et traditions populaires Georges Tabarraud, Lo Mago d’en Casteù, Richard Cairaschi, la ferme de la Parra tout là haut à Coaraze, Occita’niss, et mes grands parents. Et puis comme je ne suis pas insensible à tout ça, j’aimerais apprendre le nissart contois, savoir m’occuper des oliviers là haut à l’Euze et des figuiers à Barella, sonner correctement du fifre et chanter juste, avoir des potes qui vont au balèti, et tout un tas d’autres choses en rapport. Aqùo es dich…
Mais dans notre monde d’hypertechnologies du futur d’aujourd’hui, quelle serait la place idéale de tout ça ?