La mourra, qu’es acò ?

MourraThumb

Hello !

Aujourd’hui, un rapide clin d’oeil au patrimoine vivant des Alpes du Sud, avec l’immortel jeu de mourra, toujours pratiqué dans nos vallées de l’arrière-pays niçois.

La mourre est un jeu dans lequel deux joueurs se montrent simultanément un certain nombre de doigts, tout en annonçant chacun la somme présumée des doigts dressés par les deux joueurs. Gagne qui devine cette somme. Ce jeu ne fait donc pas appel aux lois du hasard puisque aucun générateur de hasard n’est utilisé. On peut par contre parler d’incertitude. Un joueur trop prévisible perdra face à un joueur capable de vivacité, d’attention, d’intuition et d’observation. (source Wikipedia)

Curieux d’en savoir plus ? Prenez quelques minutes pour regarder la partie ci-dessous, et allez donc faire un tour sur le site de la mourra dei quatre cantouns !

Musica de Calèna

Hello ! Je ne fais que passer et je profite des fêtes de fin d’année pour faire découvrir ou redécouvrir cet album du Corou de Berra à la thématique de saison, qui est comme d’habitude vachement chouette. Un élément de plus à rajouter à l’article sur Sainte Barbe et Calèna ! Voila voila. A très bientôt !

Sainte Barbe et Calèna

Adiéou !

Aujourd’hui c’est la Sainte Barbe ! En Provence et dans le comté de Nice, la tradition veut qu’en ce jour soient plantées trois coupelles de blé ou de lentilles, qui une fois germées viendront décorer la table de la veillée de Noël. Bien levées, les plantules augureraient bonnes récoltes et fortune pour l’année à venir. Derrière cette tradition, il y a historiquement et comme d’habitude un rituel grec envers la fécondité, repris plus tard par le christianisme lors de la fête de la Sainte Barbe.

Bien que l’aspect religieux soit pas trop mon truc, j’aime bien cette tradition. Ça m’évoque ma grand mère qui plante et qui s’occupe tous les ans de ses coupelles de lentilles, et de cette touffe de verdure toute douce et bienvenue dans la maison. C’est marrant. Je me demande si à la maison ils l’ont fait cette année. Si vous aussi vous aimez les plantes et que voulez essayer chez vous, c’est tout bête : une coupelle, du coton bien humidifié, des graines, et basta. Et si vous voulez en savoir plus, y’a de bonnes explications sur le site de NiceRendezVous.

Parlant de Noël, il y a un article sympa de l’an dernier sur le blog de la Countea qui traite de la Calèna, le Noël traditionnel niçois. Je vous le copie honteusement ici, parce qu’il est chouette et que j’aimerais le garder. En contrepartie, promettez-moi que vous irez régulièrement sur la Countea; c’est un chouette blog. Là aussi, c’est amusant de constater que même si dans ma famille les fêtes ne se déroulent pas comme ça, il y a toujours des petits éléments que l’on retrouve à coup sûr d’une année sur l’autre : les lentilles, la crèche minimaliste, les treize desserts…

Bon, je vous laisse lire tout ça. Et vous, comment fêtez-vous Noël dans vos régions ?

J’ai hâte de rentrer à la maïoun !

A bientôt !

Tradicioun : Fêter le Noël Niçois … Calèna a Nissa

Avec la frénésie que l’on sait, la société de consommation s’est emparée de ce jour sacré, qui se fête dans le Comté depuis le VIIème siècle. Si ce n’est pas déjà le cas, profitez de cette année pour apprendre à  fêter en famille le Noël traditionnel.

Foule massive et agitée dans les centres commerciaux, achats, publicités partout et jouets par milliers… C’est aujourd’hui le rythme de Noël. Une fête que vous fêterez sans doute parmi les vôtres.

Si vous êtes l’hôte de vos proches, surprenez les en fêtant ce jour selon les traditions séculaires de la Countea. Rassurez vous, il n’est pas question de priver vos enfants du père Noël, mais plutôt de leur offrir un réveillon fait de petits gestes et qui les marqueront. N’oubliez pas de leurs expliquer ces symboliques et ces coutumes qui, dans un monde tendant à s’uniformiser, les ancreront dans l’atmosphère de Calèna. Une ambiance particulière faite de rituels qu’ils souhaiteront transmettre par la suite à leurs enfants.

Calèna, un nom particulier

Noël se dit « Calèna » en nissart, un nom qui  remonte au mot latin calenda, (calendes). Il se distingue des autres racines lexicales que l’on trouve en France en ne provenant pas de la racine Nativité, qui a donné Noël. Dans le calendrier romain, les calendes étaient le premier jour du mois. Le 25 décembre correspondait au premier jour de ce même mois, d’où l’appellation.

En l’an 337, le pape Jule Ier choisit la date du 25 décembre pour célébrer la naissance du Christ. Les rites chrétiens se généraliseront au VIIème siècle à Nice et en Provence.

Fête profondément chrétienne, Noël dans le Comté de Nice garde pour autant des réminiscences de croyances païennes. Certaines familles laissent par exemples les miettes du repas pour nourrir les « petites âmes » le soir du réveillon. Pour certain, Calèna recouvre d’ailleurs un ancien rite païen lié au cycle solaire naturel : le passage de la vie à la mort.

Préparer votre table

Représentation minimaliste de la nativité, la crèche nissarda est moins fournie, moins spectaculaire qu’en Provence. Elle se compose simplement des personnages principaux, la plupart du temps en bois ou en cire. Composée de l’Enfant Jésus, de Joseph, de Marie, du bœuf et de l’âne. Autrefois, la coutume était de la laisser à l’année ans les foyers, protégée par un globe de verre.

Dans le Comté, Lou tèmp de Calèna se prépare dès la Sainte Barbe, le 4 décembre. Après un grand nettoyage de la maison, on fait germer des graines de lentilles et de blé dans du coton. Ce symbole de prospérité sera disposé sur la table du réveillon le soir du 24 décembre. Dressez votre table avec trois nappes de taille décroissante : une pour le 24 au soir, une pour le midi suivant et la dernière pour la soirée du 25. Ce sont les trois nappes de la Sainte Trinité sur lesquelles il  faudra ensuite déposer trois bougies ainsi qu’un branche de houx (pas de gui, il est censé porter malheur). Composante essentielle d’une tradition qui continue de se perpétuer jusqu’à nos jours, il est important de laisser une place et un couvert pour « lou paure ». Un mot qui signifie « le pauvre » mais aussi le « mort ».  La chaise vide rappelle le souvenir des défunts avec qui l’on avait fêté Noël autrefois. Elle peut aussi accueillir le mendiant qui passe et demande l’aumône ou pourquoi pas une connaissance que l’on ne saurait laisser passer Noël dans la solitude. En fait, la part du « paure » est une survivance de la manne que les Romains offraient à leurs ancêtres.

Lou cacha-fuèc e lou gros soupà

Au soir du 24 décembre avant de diner, une tradition nissarda veut que l’on éteigne le feu dans la cheminée.  L’ainé de la famille donne  un tison au plus jeune afin qu’il rallume un feu nouveau sur les cendre du feu ancien. Cela se fait à l’aide d’une buche de bois fruitier (de l’olivier pour la plupart du temps).  Lou cacha-fuèc est devenu synonyme avec le temps de réveillon en nissart. Toute la famille asperge ensuite les flammes de quelques gouttes de vin en faisant le vœu d’être encore tous ensemble l’année qui vient. Chacun son tour, on prononce la phrase suivante : « A l’an que ven, se sian pas mai que siguen de mens » (A l’année prochaine, si nous ne sommes pas plus que nous ne soyons pas moins). Vient alors le moment de passer à table.

Ce soir là on fait un repas maigre, composé de poisson et de légumes : c’est lou gros soupà. En général on cuisine de la morue et des ravioli aux herbes. Les côtes de blettes accompagnées d’anchoïade trônent également sur beaucoup de tables niçoises. Si vous le pouvez, prévoyez sept plats maigres. Le fait qu’ils soient « maigres » n’est pas synonyme de privation ! On ne doit pas servir de viandes pour lou gros soupà mais tout le reste est autorisé. Pourquoi ne pas moderniser la tradition pour profiter des huîtres, des fruits de mer et du poisson pour le réveillon ? Que les inquiets se rassurent : vous pourrez manger jusqu’à satiété.

Les treize desserts

Avant de se rendre à la messe de minuit, on n’oubliera pas de relever les coins des trois nappes afin que les « diablotins » ne viennent pas dévorer les treize desserts que l’on disposera préalablement sur la table. Les treize desserts (représentant le Christ accompagné de ses apôtres) seront dégustés au retour de la messe.

S’ils varient selon les villages, voici ceux que l’on trouve généralement dans le Comté de Nice: de la tourte de blette, de la fougasse à la fleur d’oranger, le gibassié (ou pompe à huile qu’il faut rompre pour ne pas être ruiné dans l’année), la pâte de coing, les tartes aux noix ou à la confiture, le nougat blanc, le nougat noir, les dattes, les fruits confits, les fruits secs, les mandarines et les oranges (dont l’odeur agréable rappelle les souvenir des Noël précédents). Les poires au vin, les pommes et enfin les raisins de Saint Jeannet mis en conserve depuis septembre. Le tout arrosé de vin cuit.

Le lendemain, le déjeuner laissera la place belle aux viandes de toute sorte: en général du boudin et de l’agneau. Le soir du 25 décembre, on finira les restes sur la troisième et dernière nappe.

Bouoni Calèna !

Trad’

Hey !

Hier soir, je suis parti me promener, histoire de profiter de la fraîcheur de la nuit tombante. Et comme à chaque fois que je pars marcher, je finis à un moment où à un autre par traverser le vieux village. Il est facile de considérer Contes comme une ville qui ne vit qu’à moitié, ne serait-ce qu’à cause de sa topographie. Le vieux village, perché sur le piton rocheux du Couorn, n’accueille guère plus d’animations et de fêtes populaires comme ce fut le cas autrefois et au contraire de la Grava, la ville jeune située une cinquantaine de mètres plus bas, qui peut s’enorgueillir d’héberger services publics, commerces, loisirs et maï.

Mais c’est sans compter sur l’été et sa chaleur, qui fait fonctionner les gens du Sud à l’envers :  finestra chiusa nella giornata, ed aperta alla sera! Dès les premiers courants d’air frais, ce sont les volets qui s’ouvrent et la vie qui revient, dans un village transformé en dortoir par les truchements de l’histoire. Les pierres des murs sont encore chaudes du lourd soleil de la journée, quelques tarentes s’en délectent. Une discussion avec un oncle accoudé à sa fenêtre, cigarette au bec. Cliquetis de couverts, bonne humeur et cris d’enfants résonnent des balcons. Il n’en faut pas plus pour se prendre à imaginer la vie ici par le passé. Probablement plus communautaire, assurément plus tranquille.

Moi, nostalgique d’une époque que je n’ai jamais vécue ? Les traditions, qu’ils appellent ça. Des gens, probablement très nostalgiques pour leur part (ou alors très amoureux, mais c’est tout comme), passent leur vie à relater, à faire, ou à s’inspirer des choses traditionnelles. Parmi eusse, j’aime Georges Delserre Tabarraud pour son livre « Histoire des Contois: dai tremp’oli ai superbi », le Corou de Berra, le musée des arts et traditions populaires Georges Tabarraud, Lo Mago d’en Casteù, Richard Cairaschi, la ferme de la Parra tout là haut à Coaraze, Occita’niss, et mes grands parents. Et puis comme je ne suis pas insensible à tout ça, j’aimerais apprendre le nissart contois, savoir m’occuper des oliviers là haut à l’Euze et des figuiers à Barella, sonner correctement du fifre et chanter juste, avoir des potes qui vont au balèti, et tout un tas d’autres choses en rapport. Aqùo es dich…

Mais dans notre monde d’hypertechnologies du futur d’aujourd’hui, quelle serait la place idéale de tout ça ?