Satellite embeddings × SDMs

Les équipes de Google DeepMind ont annoncé récemment la sortie d’un jeu de données d’observation de la Terre novateur, issu de l’assimilation d’une variété de données satellitaires de différents capteurs au sein d’un modèle de fondation. Sans entrer dans les détails (un post sur Medium1 et la documentation technique2 le font très bien), ce jeu de données, baptisé « Satellite Embedding », compresse l’information spectrale et radar d’une année entière d’observations en un vecteur à 64 dimensions, livré à 10 mètres de résolution. Autrement dit : chaque pixel de 10 × 10 m contient 64 valeurs qui résument tout ce qui a été observé par les satellites sur une année donnée.

Fig.1 : Représentation schématique animée de processus d’embedding des données d’observation de la Terre par satellite (source)

Ce qui est rigolo, c’est qu’on n’a aucun a priori sur ce que peut représenter chacune de ces dimensions dans le monde physique, contrairement, par exemple, à la bande 2 de Sentinel-2, d’une longueur d’onde de 490 nm et liée au spectre d’absorption de la chlorophylle, ou à la rétrodiffusion radar de Sentinel-1, sensible à l’angle de la pente des reliefs. Pire encore, on ne sait pas comment l’information temporelle est encodée : est-ce que la date d’une augmentation du NDVI, que l’on sait reliée à la croissance d’un couvert végétal, sera portée par une ou plusieurs composantes du vecteur ?

Le jeu satellite embeddings agrège donc une année d’observations multi-capteurs (optique + radar) en vecteurs latents ; on n’interprète pas chaque dimension physiquement, mais ces représentations condensent des motifs multi-sources et multi-temporels du couvert observé (structure, textures, phénologie, mosaïques d’occupation des sols) à la résolution des données d’entrée. Elles sont ainsi de bons proxies de l’état actuel du paysage, sans garantir qu’une dimension unique corresponde à un processus écologique précis.

Dans tous les cas, on sait que ce jeu de données contient une quantité phénoménale d’information, à une résolution très intéressante pour bon nombre d’applications.

Pourquoi cette note ?

Une des applications que j’aimerais explorer, c’est la cartographie d’espèces végétales. Et dans ce post, c’est justement une exploration rapide de cette idée que je présente.

Assez classiquement, la cartographie d’espèces passe par des approches de modélisation. Pourquoi modéliser ? Parce qu’il est difficile d’échantillonner l’espace assez finement pour dessiner des cartes « à la main ». On s’appuie donc sur des variables environnementales, généralement bien décrites et disponibles à bonne résolution spatiale et temporelle, pour estimer la probabilité de présence d’une espèce donnée. On peut pour cela mobiliser les paramètres écologiques/édaphiques de l’espèce (par ex. intervalles de température, pluviométrie annuelle, types de sols préférentiels, pente, altitude, etc.) afin d’identifier où l’espèce peut survivre et prospérer. C’est l’approche utilisée notamment par EcoCrop (FAO)3, centré en partie sur des espèces d’intérêt agronomique.

Quand ces paramètres sont mal connus ou incomplets, on peut adopter une approche fondée sur les données : on utilise des relevés botaniques qui indiquent la présence (l’absence étant, par définition, plus délicate à établir) à un endroit donné, on associe ces positions aux covariables au même endroit, puis on calibre des modèles de distribution d’espèces (Species Distribution Models, SDMs) pour extrapoler la probabilité de présence ailleurs. Il existe plusieurs modèles ; l’un des plus populaires est MaxEnt (pour « Maximum Entropy », le principe mathématique sur lequel il repose).

Pourquoi ce détour ? Parce que si l’on peut utiliser des variables environnementales spatialisées dans des SDMs pour estimer la répartition d’une espèce, il n’y a aucune raison de ne pas essayer un produit comme les Satellite Embeddings, qui résument une quantité considérable d’information observable depuis l’espace.

Distinction importante : alors que l’utilisation de variables environnementales permet surtout de définir où l’espèce pourrait se trouver (aire de répartition potentielle), les satellite embeddings pourraient, en principe, aider à répondre à où l’espèce se trouve aujourd’hui, car ils proviennent en grande partie d’observations directes du couvert végétal (signal « actuel »).

Je présente donc ci-après quelques essais rapides utilisant les satellite embeddings comme covariables dans un SDM MaxEnt, pour prédire la probabilité d’occurrence de quelques espèces végétales en Martinique.

Données et méthodes

Je commence par récupérer les satellite embeddings. Pour défricher rapidement, j’en fais l’extraction en GeoTIFF depuis Google Earth Engine, à une résolution dégradée à 100 m (agrégation par moyenne).

Fig. 2 : Composite trois couleurs des trois premières dimensions des satellite embeddings pour la Martinique (100 m). La discrimination des occupations de sol est déjà très visible — on dirait un minéral sous filtre polarisant ?

Trois espèces m’intéressent ici : l’arbre à pain (Artocarpus altilis) et le cocotier (Cocos nucifera) — parce que différences d’étagements, parce que des collègues s’y intéressent, et parce qu’on dispose d’un nombre d’observations important (n=341 et n=181 respectivement) — ainsi que la fleur boule montagne (Lobelia conglobata), endémique stricte de la Martinique, pour laquelle les observations sont bien moindres (n=64) et sur un étagement bien plus élevé.

Pour entraîner un SDM MaxEnt4, il faut des présences. Je lance donc des requêtes sur GBIF5 et iNaturalist6. Face aux 64 dimensions du jeu Satellite Embeddings (satemb), ce volume paraît suffisant pour une première exploration en limitant le risque de mal-conditionnement.

Avec un peu de Python (et un soupçon de magie noire), je prépare les fichiers d’entrée du SDM : les variables satemb, mais aussi des variables environnementales (env) — Tmin/Tmax/Tmoy annuelles (interpolation Météo-France 2023), pluie annuelle (stations DIREN + Météo-France, 7), altitude, pente, aspect, rugosité dérivées du SRTM/Copernicus 30 m, sur même zone d’étude, même grille 100 m et masque terrestre pour tous les rasters. J’entraîne ensuite MaxEnt v3.4.4 sur trois jeux de covariables : satemb, env et satemb+env, avec une validation croisée en cinq plis ; les chiffres reportés sont des moyennes ± écart-types de ces 5 plis.

L’ensemble des scripts et données pour répliquer l’analyse (et en lancer d’autres) est mis à disposition sur Zenodo : 10.5281/zenodo.16994138.

Résultats

Pour l’arbre à pain (A. altilis, Fig. 3), le modèle fondé sur les satellite embeddings seuls obtient l’AUC la plus élevée (0,833 ± 0,029), devant le modèle env (0,661 ± 0,044), soit un écart absolu de +0,172. Le modèle mixte est à 0,803 ± 0,055, donc en dessous de satemb. À grille identique (100 m) pour tous les prédicteurs, ces résultats suggèrent que les indices satellitaires condensés par les embeddings discriminent mieux les présences du fond que les seules variables abiotiques utilisées embarquées dans le modèle env. L’ajout des variables environnementales n’apporte pas de gain mesurable dans ce cas (probable redondance d’information + complexité accrue).

Pour le cocotier (C. nucifera, Fig. 4), l’écart entre satemb et env est plus faible que chez l’arbre à pain : 0,833 ± 0,036 contre 0,767 ± 0,045, soit +0,066 d’AUC pour satemb. Le mixte atteint 0,809 ± 0,045, intermédiaire entre les deux. Ici, les variables abiotiques (p. ex. altitude, pluie) portent déjà une part substantielle du signal, et les embeddings ajoutent un surcroît d’information sans toutefois dépasser nettement la combinaison.

Pour L. conglobata (Fig. 5, espèce localisée en altitude en Martinique), les deux approches sont très performantes et la combinaison progresse encore : satemb 0,907 ± 0,015, env 0,906 ± 0,059, et mixte 0,933 ± 0,046 (soit +0,026 vs satemb). Lecture possible : l’enveloppe abiotique (altitude, exposition, humidité) cadre déjà bien la niche, et les embeddings ajoutent des indices d’occupation actuelle du paysage (structure de canopée, mosaïques agri-urbaines, phénologie), d’où un gain quand on les combine. A noter cependant un nombre d’observations retenues par le modèle (neff) particulièrement réduit, lié au regroupement des occurrences d’un même pixel, ce qui invite à considérer ces résultats avec prudence.

satembenvsatemb+env
A. altilis (neff = 168)0,833 (± 0,029)0,661 (± 0,044)0,803 (± 0,055)
C. nucifera (neff = 78)0,833 (± 0,036)0,767 (± 0,045)0,809(± 0,045)
L. conglobata (neff = 31)0,907 (± 0,015)0,906 (± 0,059)0,933 (± 0,046)
Tab. 1 : Valeur moyenne de l’AUC pour la courbe ROC sur le set de test après 5 plis. neff : nombre effectif de présences après regroupement 1 point / pixel.

En lecture conceptuelle, l’approche env définit une enveloppe abiotique (où l’espèce pourrait vivre), tandis que l’approche satemb fournit des indices d’occupation actuelle (où le paysage ressemble aujourd’hui aux sites observés), complémentarité visible en Fig. 3–4 ; le modèle mixte (env+satemb) approxime l’intersection de ces deux informations — conditions favorables ET indices compatiblessans pour autant conclure à une « présence certaine ». Pour l’exploiter, on peut envisager de croiser les deux surfaces après choix d’un seuil validé en CV (p. ex. 10è centile des présences) et l’on cartographie trois classes : Potentiel ? Présent (cœur réalisé), Potentiel \ Présent (réservoir latent) et Présent \ Potentiel (hors enveloppe) ; l’intérêt est alors bien de lire les modèles ensemble plutôt que d’interpréter chaque carte isolément.

Limites et discussion

Cette approche exploratoire souffre néanmoins d’un certain nombre de limites :

  • Échantillonnage des présences
    • Echatillonage participatif et biais d’accessibilité (proximité routes/bourgs) non pondéré ; pas de bias file / target-group background utilisé.
    • Pas de thinning spatial : malgré le “1 point par pixel” implicite de MaxEnt, des clusters peuvent subsister et peuvent biaiser l’ajustement.
  • Covariables et échelle
    • Embeddings : approche boîte noire ? interprétabilité limitée variable par variable ; forte colinéarité possible entre dimensions : feature engineering/PCA/UMAP pour tester si 10–15 composantes suffisent ?
    • Variables env : jeu réduit (pas de sols notamment) ; d’autres facteurs abiotiques/édaphiques non pris en compte.
    • Résolution unique 100 m choisie pour la praticité volume de données/temps de calcul : sensibilité à l’échelle (i.e. 30m natif SRTM vs 100m, etc.) non évaluée.
  • Paramétrage et protocole d’entraînement
    • Régularisation non optimisée (valeurs par défaut) ; pas de sélection parcimonieuse des prédicteurs. MaxEnt ? processus ponctuel de Poisson régularisé : régler la pénalité et les feature classes limite le sur-apprentissage, surtout avec 64 dims.
  • Cohérence temporelle
    • Présences multi-années non synchronisées avec les covariables : acceptable ici (espèces pluriannelles à pérennes), mais pour des annuelles il faudrait aligner l’année d’observation avec l’année des variables.
  • Validité et portée des résultats
    • CV spatiale en blocs (au lieu de k-fold aléatoire) pour limiter l’optimisme lié à l’autocorrélation et tester la transférabilité spatiale.
    • L’AUC (définie ici via “predicted area” au sens MaxEnt) est utile mais peut être indulgente en présence d’autocorrélation spatiale et de prévalence très faible.
    • Conclusions dépendantes de l’espèce, de la zone et de l’échelle ; transférabilité non testée.

Ces limites n’invalident pas fondamentalement les tendances observées, cependant, elles bornent la portée des résultats et indiquent les priorités d’amélioration pour une itération suivante.

Conclusion

À emprise et résolution communes (100 m), les satellite embeddings apportent un signal propre exploitable en SDM : ils suffisent à eux seuls pour distinguer les présences du fond sur deux espèces testées (A. altilis, C. nucifera), et, pour L. conglobata, la combinaison avec les variables abiotiques montre un léger mieux — à confirmer compte tenu du neff réduit et de la CV non spatiale. Le signal porté par ces représentations latentes — proxys d’observations multisources du couvert à 10 m — est donc complémentaire des gradients climato-topographiques : parfois suffisant seul, souvent utile en appui selon le profil écologique.

Méthodologiquement, ces résultats suggèrent un workflow pragmatique : (i) considérer les embeddings comme baseline forte, (ii) n’ajouter que quelques variables abiotiques non redondantes quand l’écologie l’exige, et (iii) fiabiliser par CV spatiale, régularisation et correction du biais d’échantillonnage. Au-delà de l’AUC, des indicateurs comme le Continuous Boyce Index, le partial ROC et des cartes MESS aideront à juger robustesse, calibration et extrapolation.

Enfin, parce que les embeddings sont disponibles par année, ils ouvrent des perspectives pratiques (à tester) : suivi interannuel de l’aire effectivement occupée, détection de déplacements (expansion/contraction), mise en évidence de foyers « hors enveloppe » (plantations, micro-refuges) et priorisation de prospections (zones « potentiel haut ? présent haut »). Cela plaide pour des SDM opérationnels où les embeddings jouent un rôle central, en propre ou en complément de l’abiotique.

Références

  1. Google Earth Team (2025) « AI-powered pixels: Introducing Google’s Satellite Embedding dataset » https://medium.com/google-earth/ai-powered-pixels-introducing-googles-satellite-embedding-dataset-31744c1f4650 ↩︎
  2. Google Deep Mind [internet] Satellite Embedding V1 https://developers.google.com/earth-engine/datasets/catalog/GOOGLE_SATELLITE_EMBEDDING_V1_ANNUAL?hl=fr. Accessed on 2025-8-29. ↩︎
  3. FAO. [Internet] « ECOCROP Database of Crop Constraints and Characteristics » https://gaez.fao.org/pages/ecocrop. Accessed on 2025-8-29. ↩︎
  4. Steven J. Phillips, Miroslav Dudík, Robert E. Schapire. [Internet] Maxent software for modeling species niches and distributions (Version 3.4.1). Available from url: http://biodiversityinformatics.amnh.org/open_source/maxent/. Accessed on 2025-8-29. ↩︎
  5. https://www.gbif.org ↩︎
  6. iNaturalist. Available from https://www.inaturalist.org. Accessed 2025-8-29 ↩︎
  7. Lavarenne, Jérémy, 2024, « Martinique daily interpolated rainfall, 1980-2021, obtained via ordinary kriging », https://doi.org/10.18167/DVN1/KJEA4Q, CIRAD Dataverse, V1 ↩︎

Cifre (et contrats doctoraux de droit privé) et précarité

Hello,

Si vous naviguez dans les eaux parfois troubles du doctorat sous statut CIFRE, une récente évolution législative mérite votre attention. Jusqu’à présent, la question du droit à la prime de fin de contrat (aka « prime de précarité ») pour les doctorants en CDD CIFRE pouvait être un véritable casse-tête, certains employeurs refusant son versement, via des interprétations du code du travail aussi variées que contradictoires d’un tribunal à l’autre. Tout pourrait changer avec la loi de programmation de la recherche (LPR) n° 2020-1674 du 24 décembre 2020, qui pourrait apporter des clarifications bienvenues.

La LPR a en effet modifié le paysage des contrats doctoraux, en ajoutant notamment un nouvel article au code de la recherche (L412-3) qui définit la notion de « contrat doctoral de droit privé », précisant de fait les contours des contrats sous convention CIFRE. Aussi, l’article 6 de la LPR complète l’article L. 1242-3 du code du travail – souvent cité dans les décisions des tribunaux – en y intégrant explicitement les contrats doctoraux de droit privé.

L’un des points les plus saillants de cette LPR concerne donc la prime de fin de contrat. Avant cette loi, les entreprises pouvaient décider de ne pas verser cette prime (correspondant, précisons-le, à 10% du salaire brut sur la durée du contrat soit 7000 €), sans que le cadre légal ne leur oppose de véritable résistance. Les choses semblent changer, car l’article 6 stipule désormais clairement que les indemnités de fin de contrat ne sont pas dues en cas de rupture anticipée du contrat pour cause de non-réinscription du doctorant.

En définissant explicitement les conditions dans lesquelles la prime n’est pas due, l’esprit de la loi suggère que dans tous les autres cas, cette prime devrait être versée. Cette précision a le mérite de commencer à sortir la question de la prime de fin de précarité de la zone grise où elle se trouvait – une zone grise d’une certaine taille : voir le blog « Cifre et précarité » qui documente le parcours d’un doctorant, et liste de décisions de cour d’appel d’autres candidats. Cette évolution est notable car elle semble refléter une volonté législative de mieux protéger les doctorants sous contrats doctoraux de droit privé, en leur assurant une reconnaissance et une sécurité accrues.

Cependant, et il est important de le souligner, mon propos n’est pas de fournir une interprétation juridique définitive mais plutôt de signaler une tendance qui pourrait être favorable aux doctorants. C’est une interprétation qui mériterait d’être explorée et discutée, notamment avec l’aide d’un juriste spécialisé, pour en comprendre pleinement les implications et faire valoir les droits des doctorants.

C’est donc une évolution à suivre de près, et pour ceux qui sont directement concernés, il pourrait être judicieux de se renseigner davantage sur ces changements et, si nécessaire, de consulter un professionnel pour évaluer l’impact sur leur situation spécifique.

Voilà en bref !

J.

Piou piou ?

Hello,

Avec madame, on aime bien s’amuser avec BirdNET pendant nos randos. Pour ceux qui ne connaitraiant pas, BirdNET c’est un peu le Pl@ntNet des chants d’oiseaux. On enregistre un gazouillis, et hop, le fichier audio part sur les serveurs de l’université Cornell pour permettre l’identification de l’espèce. Le côté sciences participatives est certes moins évident au premier abord que Pl@ntNet, mais au final on s’y retrouve, dans la mesure où ça reconnaît plutôt bien les chants des différentes espèces et que ça nous permet d’en apprendre un peu plus sur les volants qui nous entourent.

Toujours est-il qu’avec un smartphone classique, la qualité et la sensibilité du micro peuvent parfois laisser à désirer. Du coup, ça m’a rappelé mon enfance et ces catalogues de jouets dans lesquels il y avait un gadget que je trouvais super cool mais que je n’ai jamais demandé au Père Noël : le micro espion (toujours dispo chez Eveil et Jeux pour 17 balles), qui grosso modo est une parabole et un micro en son point focal (sauf celui de Eveil et Jeux qui vu la position du micro ne doit finalement pas si bien fonctionner). L’idée est loin d’être nouvelle, comme l’explique l’ornithologue Gérard Olivier sur son site internet concernant le matériel d’enregistrement des chants d’oiseaux.

Du coup, vu qu’on était aujourd’hui dans un coin avec plein d’oiseaux mais aussi quelques humains bruyants, et qu’il s’avère que j’ai sous la main un micro shotgun que j’avais utilisé pour filmer notre documentaire sur le pilou, je me suis dit : « tiens, mais pourquoi ne pas lui donner une seconde vie en micro espion d’ornithologue amateur ? » Le hack du dimanche, c’est donc de fabriquer une petite parabole aux dimensions du micro, pour pouvoir l’utiliser branchée sur un smartphone qui fait tourner BirdNET 🙂

Disclaimer : je ne suis pas ingénieur du son, donc soyez indulgents. Merci 🙂

Ok donc le premier objectif, c’est de pouvoir utiliser mon micro sur un smartphone. La bête en question est un Takstar SGC-598, un micro pré-amplifié d’entrée de gamme populaire chez les vidéastes amateur d’il y a quelques années. Pour moi c’est vraiment de la récup, mais si vous voulez faire tout pareil ça se trouve en occasion sur LeBonCoin pour 20 brouzoufs, ou neuf sur Amazon pour un peu plus cher. La connectique est standard, avec une prise mini-jack stéréo. Cependant pour l’utiliser en entrée sur un smartphone, la première chose à faire est de se procurer un convertisseur CTIA vers mini-jack, qui permet de séparer les quatre bornes des fiches femelles de nos téléphones en une entrée mini-jack mono pour le micro, et une sortie mini-jack stéréo pour un éventuel retour. Comme présenté dans la vidéo ci-dessous, rien de trop compliqué jusque là, et ~5€ sur Amazon.

La seconde étape, c’est de se fabriquer une parabole rigolote pour ledit microphone. Tout d’abord, que nous dit la fiche technique du micro ? Que c’est un microphone cardioide, ce qui signifie qu’il sera plus sensible au signal provenant en face qu’à l’arrière de lui. On remarque également sur sur diagramme de directivité que son atténuation latérale n’est pas très importante, ce que l’on cherchera à mettre à profit avec la parabole.

Etant donné la configuration du shotgun, on cherchera donc à dessiner une parabole qui se positionnera à sa base, et dont le point focal sera à 4cm, de manière à mener les sons au milieu de la grille du micro. Côté diamètre, on ira au maximum possible, les limites étant fixées par la surface imprimable en 3D, soit 20 cm. Pour dessiner tout ça correctement sous Fusion 365, je tombe sur un thread Reddit qui fournit quelques indications pour dessiner des paraboles correctes étant donné ces paramètres. On prévoit une épaisseur assez faible pour un premier essai, de l’ordre du millimètre, histoire de ne pas perdre trop de temps et de plastique. Il ne reste plus qu’à prévoir le perçage pour le corps du micro, et on bascule dans Cura pour préparer l’impression. Je prévois d’imprimer ça en PLA basique, avec un support réduit à 5% de densité. J’ai aussi du changer des réglages pour diminuer la taille du skirt afin que le slicing puisse se faire dans les limites imposées par mon imprimante, une Ender 3 pro.

Quelques heures plus tard, je monte le tout sur le micro, et dans l’attente du câble ça suffira pour un premier essai. Les propriétés acoustiques du PLA, notamment la réflection sonore, ne sont pas optimales, mais ça suffira pour commencer. A noter que ces perfs sont fonction de la densité du matériau, laquelle est dans le cadre d’une impression 3D volontairement faible pour minimiser les temps d’impression, au travers d’une stratégie de structures alvéolaires.

Le résultat est plutôt rigolo, reste à voir ce que ça donnera à l’usage !

Je ne mets pas les fichiers du modèle en ligne car c’est vraiment du quick and dirty, et aussi parce que vous trouverez chez les copains makers de Thingiverse plusieurs autres références pour des microphones paraboliques :

Voilà en bref, je mettrai à jour mes observations en fonction 🙂

A plus,

J.

Frénésie de pièges photographiques : BST886-4G

Hello !

Je passe en coup de vent pour consigner des notes de test de la caméra BST886-4G en provenance directe du fabricant BSTCAM (Shenzhen Qin Rui Technology Co., Ltd.), qui pourraient être utiles à d’autres amateurs. Comme d’habitude chez ces fournisseurs chinois, c’est moins le matériel que le manque d’informations pour le faire fonctionner correctement qui pêche. Du coup, en complément du manuel d’utilisation, voici de quoi aider au paramétrage et à l’utilisation de cette caméra.

Mais tout d’abord, je ne peux résister à l’idée de vous diffuser cette petite vidéo d’introduction, particulièrement pour son accompagnement musical :

[insérer ici du jazz d’ascenseur]

En plus du manuel d’utilisation (lien vers le fichier .pdf sur le site du constructeur | fichier .pdf autohébergé), voilà ce que je peux noter concernant la BST886-4G :

Formatting is love, formatting is life : de manière générale, les pièges photographiques semblent assez sensibles aux corruptions sur les systèmes de fichiers des cartes SD, et cette caméra n’échappe pas à la règle. Du coup : ça plante sans raison ? Un formatage et ça repart ! Et si ça ne repart part, essayer avec une autre carte mémoire, éventuellement de classe différente, peut être une bonne idée.

Pilotage par SMS : cette BST886-4G a pour gros avantage de pousser très loin le système de commande par texto. Là où d’autres caméras utilisent les textos pour échanger des informations sommaires et être déclenchées à distance, la BST886-4G peut être entièrement paramétrée par ce biais. Du coup, à moins d’un plantage, pas besoin de faire le déplacement pour la retirer de son perchoir et en modifier les réglages. Les codes sont relativement bien expliqués dans le manuel, mais pour faciliter la chose le constructeur a pensé à tout, et propose une application smartphone qui s’occupe d’enregistrer les numéros de SIM de différentes caméras, et d’encoder en texte les paramètres sélectionnés dans des menus avant d’envoyer les commandes. De fait, la manière la plus facile de paramétrer cette caméra est encore de télécharger l’application du constructeur.

Pour Android : lien vers le fichier .apk sur le serveur BSTCAM | fichier .apk autohébergé
Pour iPhone : lien vers Apple Store

Pour que les commandes texte fonctionnent, il faut cependant que le numéro de l’administrateur soit paramétré, et cette procédure n’est pas correctement documentée dans le manuel. Le plus simple pour cela, une fois une SIM fonctionnelle en place et la caméra sur ON, est de démarrer l’application, créér une caméra (pour laquelle on indiquera le numéro de téléphone de la SIM), puis on ira dans le menu « Advanced settings » et « Set Master’s Number ». On entre le numéro de téléphone maître, au format standard 06xxxxxxxx, et on indique le mot de passe 6868 (ouais c’est étrange mais c’est comme ça). Si ça fonctionne, après l’envoi de la commande texte, la caméra devrait renvoyer une réponse sympa accusant réception de l’identifiant du maître, et il devrait être possible de faire tous les réglages depuis l’application.

A noter que lorsque la caméra est en batterie faible (approx. 4,5V ou 30%), la fonction de commande par SMS est automatiquement désactivée. Il faut alors la réactiver manuellement pour pouvoir reprendre la main à distance sur la machine.

Les instructions pour cette procédure sont exposées en anglais dans la vidéo ci-dessous :

Timelapse : pour les amateurs de séries de photos, indiquer un délai de timelapse dans les paramètres déclenche bien la prise de photos selon les paramètres souhaités. Au cas où les photos soient bien prises (présentes sur la carte SD) mais non envoyées ni par mail, ni par MMS, ni par FTP, on vérifiera que la limite du nombre de photos envoyées est bien réglée sur Unlimited.

Working hours : cette caméra dispose d’un système de planification des horaires d’allumage fonctionnel – si je précise, c’est que ça n’est pas le cas sur toutes les caméras qui le mettent en avant. Avec un essai réalisé à 17h30 pour une période de working hours entre 17h35 et 17h50 en mode timelapse 5 minutes, la caméra a bien démarré à l’heure prévue et pris ses photos à intervalle réguliers avant d’envoyer la dernière à 17h45.

Dimensions des photos : cette caméra procède à l’acquisition des images selon, au choix, trois résolutions différentes, et les images sont enregistrées en plein format sur la carte SD. Lors de l’envoi des images cependant, il existe trois options de taille (low, normal, high), qui permettent de faire varier la résolution des images transmises. Cette résolution n’étant pas précisée dans le manuel, le tableau ci-dessous précise les dimensions des images reçues.

8M14M32M
low320 x 240320 x 240320 x 240
normal800 x 600800 x 600800 x 600
high1600 x 12004320 x 32407000 x 5252

Transmission des clichés: lors de l’envoi des photos par le protocole SMTP, on prendra soin de bien définir le protocole de sécurité utilisé par le serveur mail. Si le paramétrage est fait « à l’ancienne » par le biais du fichier de configuration à déposer sur la carte mémoire dans ./GSM/BST886.txt, le champ SSH est à laisser vide si utilisation du port 25, à remplir avec 1 si utilisation du port 465 (SSL), et par 2 si utilisation du port 587 (TLS). A noter sur mes adresses mail de test Gmail qu’il semblerait que les options SSL que l’on peut transmettre à partir de l’application ne permette pas de de paramétrer correctement une adresse Gmail ; il faut alors passer manuellement une commande texto qui remette l’option SSL nulle par défaut, du coup à la place d’une commande de type #s#adressemaio@gmail.com#motdepassegmail#465#nomdel'APN#smtp.gmail.com###1# il faut mettre un #s#adressemaio@gmail.com#motdepassegmail#465#nomdel'APN#smtp.gmail.com#### car retirer l’option 1 pour la sécurité remet la valeur par défaut qui semble fonctionner. A noter également que le nombre de photos envoyées par mail sera égal au nombre de photos dans le photo burst ; autrement dit avec un burst à 4, lors d’un déclenchement (par le détecteur de mouvement, par commande SMS ou par le délai timelapse), 4 photos seront prises et transmises dans un seul mail ; problème par rapport à ça : si le poids des pièces jointes est trop élevé le mail ne partira pas, et je n’ai pas identifié si le seuil est codé en dur dans le firmware ou lié à la boîte mail ; dans mon cas il faut alors régler l’option de taille en « normal » pour qu’un burst à 6 photos passe par exemple. Pas de SFTP : le protocole est seulement accessible dans la version OEM de la caméra, désolé 🙂

Essais de capture vidéo : réalisés en mode timelapse 5 min, avec un format VGA, et 5 secondes de capture ; je note que quand on passe une commande texto #T#E#, la nature de la capture dépendra du mode d’utilisation en cours. Du coup, si la caméra est paramétrée en mode photo, on recevra une photo, et une vidéo en mode vidéo. A noter que l’email transmis suite à la capture vidéo ne fournit pas d’information sur le niveau de charge restant. Également, la vidéo produite contient une incrustation de l’heure.

Mesure de température : on pourrait se dire que la température affichée sur les photos n’est pas bonne, mais après un essai rapide d’une demi-journée à l’ombre, on constate que la température fournie est assez précise et relativement peu biaisée (R² = 0,91 et erreur moyenne = -0,1°C sur 30 points sur une plage entre 14 et 34°C). D’ailleurs, on aurait bien aimé que cette valeur soit transmise au format texte dans le mail de réponse !

Le mercure contre l’électronique, le choc des titans

Alimentation et autonomie : il est précisé dans le manuel qu’il est possible d’alimenter la machine avec 8 ou 12 piles AA, cependant il n’est pas indiqué comment placer les 8 piles dans le compartiment pour que ça fonctionne. Heureusement, cette information est fournie indirectement par le constructeur dans la vidéo YouTube de présentation de l’application de paramétrage : les 8 piles doivent être placées du côté gauche du compartiment, 4 en partie haute, et 4 en partie basse. Les 12 piles seraient en réalité réparties en trois blocs de 4, ce qui ferait alors trois blocs de 6V montés en parallèle (nota : en pratique, la caméra démarre aussi sur un seul bloc soit 4 piles, mais je ne donne pas cher côté autonomie). On comprend alors pourquoi le fabricant ne recommande pas l’utilisation de piles rechargeables, qui sont généralement à une tension nominale de 1,2V, ce qui monterait alors la tension de chaque bloc à 4,8V. Concernant la tension en entrée, le manuel stipule que la caméra peut fonctionner dans un intervalle de 5 à 12V DC ; on comprend alors pourquoi des blocs de 4,8V seraient insuffisants. Concernant l’autonomie : le stand-by current annoncé est de < 0,2 mA soit < 6 mAh/jour. Avec 8 piles AA alcaline de merde (marque premier prix Casino), j’ai commencé mes essais sur un jeu de batteries fraîches le 07/04 vers 15h30. Et jusque là, même si on n’est pas sur la durée et que les conditions climatiques sont clémentes, je dois dire que ça me semble plutôt pas mal tenir le coup sur la quantité, avec au moins 370 photos envoyées pour un total de ~870 Mo, et des photos de nuit avec le flash IR activé. A noter sur le graphique un petit rebond de voltage des piles lorsque j’ai basculé d’un mode timelapse 5 minutes à 30 minutes, ce qui semble avoir eu pour effet de soulager les batteries.

A voir donc sur la durée, avec des piles hautes performances, et une douzaine d’entre elles, mais à termes je serais intéressé par expérimenter avec des blocs batterie reconfigurés et améliorés pour une utilisation d’accus. On peut par exemple envisager de recâbler en deux blocs de 6 emplacements soit deux packs de 1,2 x 6 = 7,2V. C’est un bricolage qui me semble d’autant plus facile que la barrette du compartiment piles peut être dévissée facilement.

Sur la barrette de brassage des blocs piles, on identifie bien les ponts qui composent les circuits des trois blocs

Mise à jour du 29/05/22 : Toujours sur la partie alimentation, j’ai acheté des piles rechargeables NiMh (du basique, hein, genre Amazon Basics 2400 mAh), mais malheureusement et comme attendu, leur voltage plus faible a fait que la caméra s’est assez rapidement mise en mode hors batterie.

Du coup, pour le fun et essayer, je me suis procuré sur Aliexpress (via l’un des distributeurs des infâmes caméras Suntek) un petit panneau solaire spécial caméra de chasse, qui est en fait un boitier intégrant à la fois une batterie lithium et un petit panneau solaire pour la tenir chargée. Je l’ai trouvé pour ~17€ frais de port inclus, et plutôt bien emballé avec tous les accessoires de fixation qui vont bien. Mais en voulant commander un deuxième exemplaire de la même référence il avait augmenté à plus de 30€. J’ai trouvé quelque chose qui semble très similaire, si ce n’est identique, sur une autre boutique (qui semble aussi être un des distributeurs Suntek), pour un prix équivalent à ma première commande ; je suppose donc qu’il y a un système de promotions tournantes sur cet article.

Bref, pour me faire une idée, j’ai installé ça en situation réelle, sur un setup surveillant l’accès à un terrain isolé, et jusque là ça me semble plutôt satisfaisant : après une semaine avec une dizaine d’envois d’e-mails par jour, le niveau de batterie affiché par la caméra est en permanence à 100%, ce qui veut dire que la charge fournie par le panneau (d’une taille assez toute limitée et installé dans un arbre donc suboptimal question exposition) est suffisante pour compenser la consommation de la caméra. Pour référence, en étant branchée sur une alimentation secteur mesurée à 12,05V de tension, l’affichage est à 70%. J’avais aussi un peu peur qu’en ayant la caméra branchée pour le setup, et devant a débrancher pour refermer le boîtier pour la rebrancher, ça mettrait en l’air la configuration, mais on dirait que ça fonctionne plutôt bien que de brancher la caméra à l’alimentation électrique alors qu’elle est en mode ON sans passer par le basculement de l’interrupteur en mode SETUP. Cela étant dit, je n’ai pas poussé la caméra à la consommation : je pourrais pousser l’acquisition de photos en activant le timelapse 5 minutes histoire de voir si ça tient le coup, mais meh, la flemme 🙂

Mise à jour du 31/05/22 : bon bah la batterie vient de rendre l’âme sans crier gare, comme quoi ça ne chargeait peut être pas aussi bien que ça 🙂 Affaire à suivre.

Mise à jour du 06/07/22 : j’ai commandé un second panneau de ce genre pour faire des essais directement chez moi sur mon balcon ; en exposant la chose approx. vers le SO à 45°, après charge complète cette machine n’a permis à la caméra de survivre que du 20/06 au 04/07 à raison d’une photo toutes les 8 heures. En somme j’ai des doutes sur les capacités réelles de charge de ce panneau.

Voilà dans l’ensemble. Je complèterai cet article en fonction.

A plus !

J.

Dix jours à Fès

Hello !

Profitant des liaisons sympathiques proposées par Ryanair au départ de l’aéroport Marseille Provence, nous sommes partis avec Cécile une dizaine de jours à Fès. Cela faisait longtemps que j’avais envie de mettre les pieds dans ce pays ; voilà chose faite, même s’il suffit de regarder une carte pour se rendre compte de la grande diversité de paysages que peut offrir le Maroc, et ainsi comprendre qu’un séjour dans une seule ville ne peut en aucun cas être représentatif d’un pays si étendu.

Fès, donc, et ses 1,1 million d’habitants séparés entre ville nouvelle et médina. Etalée à flanc de colline(s), cette dernière alias Fès El-bali, possède une myriade de ruelles dont le cheminement en montées et descente constitue le plus grand ensemble piétonnier au monde et contribue au côté labyrinthique du lieu (voir la vidéo en toute fin d’article). Ses commerçants, habitués aux touristes, n’ont pas peut d’attirer le chaland en plusieurs langues et invitent volontiers le badaud à visiter une échoppe « pour le plaisir des yeux ». Ses boutiques et ateliers qui débordent sur la rue, quand la rue n’est pas elle même un souk – au sens premier du terme. On dit qu’il faut se perdre dans la médina pour mieux la découvrir, quitte à se faire montrer le chemin par les commerçants ou les enfants contre quelques dirhams. C’est ce qu’il nous est arrivé dès le début de notre séjour, et de nous faire spontanément « guider » par un local de l’étape qui n’a pas hésité à demander – de manière assez déplaisante – une somme déraisonnable pour le service rendu. Une expérience désagréable qui nous a par la suite incité à perdre un peu en contemplation, et nous cantonner aux ruelles passantes telles que décrites dans les circuits de découverte de la ville. Un petit jeu de piste rigolo, d’ailleurs, consiste à repérer dans l’environnement visuellement surchargé les panneaux de couleur spécifiques aux différents circuits, avant d’essayer de suivre la direction approximativement indiquée. Idem pour des encadrés d’interprétation placardés sur les façades de certaines mosquées, caravansérails et autres haut-lieux du patrimoine, noyés dans l’agitation de la vieille ville. Ce qui est dommage, car la cité est très ancienne et chargée d’histoire, cependant cette dernière semble difficilement accessible, quelquefois pour des raisons religieuses (un certain nombre de points d’intérêt comme l’université Al Quaraouiyine sont interdits d’accès aux non-musulmans), mais aussi de par l’effort nécessaire en termes d’orientation dans cette fourmilière. Les toits-terrasses des cafés (coucou, le Café Clock) sont autant de lieux permettant de se couper du tohu-bohu de la rue et d’apprécier de voir la ville du dessus – et même de l’entendre, pour peu que l’on y soit à l’heure de l’appel à la prière (de loin le truc le plus perturbant du séjour). Et aussi de profiter de ce que la cuisine marocaine a à nous offrir !

Parce qu’il faut bien admettre que ces gens là, en plus d’avoir un climat scandaleusement favorable à toute une tripotée de fruits et de légumes, et un passé riche de caravanes chargées d’épices à ras-le-chameau, savent cuisiner (en se passant très bien de porc, avant que vous ne posiez la question). Entre les oliveraies et autres vergers à perte de vue, et la profusion de fruits et légumes frais sur les étals des marchés (j’ai été bluffé par celui de Sefrou, un peu au sud en se rapprochant des contreforts du Moyen Atlas, une vraie corne d’abondance en regard de la taille assez modeste de la ville), les yéma marocaines doivent probablement avoir à longueur d’année de quoi cuisiner tout ce qu’elles veulent. Et nous, ce qu’on voulait lors du cours de cuisine que m’a offert Cécile pour mon anniversaire, c’était un tajine d’agneau aux pruneaux et aux amandes 🙂

Vous l’aurez compris, et au contraire de nos dernières escapades, on était sur place aussi et surtout pour se reposer. Au delà de bonnes grasses matinées et de dodo tôt (plus quelques films « maghrebisants » en streaming pour rester dans l’ambiance), on a donc beaucoup flâné et on a essayé de se mettre le moins de pression possible. Il y a autour de la médina de Fès quelques endroits où il n’est pas désagréable de flâner ou de se poser pour observer les gens, comme le jardin Jnan Sbil, la place Boujloud ou l’esplanade du palais royal Dar el-Makhzen. Nous avons été nous promener par le train jusqu’à Meknès, où la place El Hedim semble jouer le rôle de forum pour les locaux (et où se tient dans les ruelles environnantes un marché hebdomadaire très animé), et par des grands taxis jusqu’à Sefrou et Ifrane, respectivement une petite ville agricole fort sympathique où nous avons embauché Zacharia pour nous guider (un « ancien hippie », comme il a aimé se décrire, agréable et plein d’anecdotes), et une station climatique supposément fréquentée par les marocains aisés (la « petite Suisse » du Maroc) mais léthargique lors de notre venue. Dans la lignée des promenades et de la détente, nous ne pouvions pas repartir sans avoir fait un tour dans un hammam. La mixité n’étant pas particulièrement de mise (malgré des attitudes progressistes du roi Mohammed VI sur ces questions en comparaison aux autres pays du Maghreb), nous avons malheureusement été contraints de nous rabattre sur le hammam d’un palais des Mille et une Nuits (pauvre de nous !) où nous nous sommes fait chouchouter avec un excellent gommage au savon noir à l’eucalyptus 🙂

Voilà pour l’essentiel ! En conclusion et de mon point de vue, le Maroc semble être un pays qui a beaucoup à offrir en termes d’expérience de voyage, mais qui peut parfois nécessiter une bonne préparation ou un accompagnement pour en tirer le meilleur parti. Dans tous les cas, c’est un très bon rapport dépaysement/prix (merci Ryanair !). Si je devais y revenir, je pense que ce serait au travers d’un voyage un peu plus organisé, dans une région plus reculée ; un trek ou un raid pourraient ainsi être des alternatives intéressantes.

A plus !

Les toits près de la place Seffarine

Premier repas sur place

Les portes du palais royal de Dar el-Makhzen

Une des portes latérales du palais royal de Dar el-Makhzen

Une des portes latérales du palais royal de Dar el-Makhzen

Dans la rue Talaa Sghira

Quelque part près du mausolée de Moulay Abdellah

Jardin Jnan Sbil

Une ruelle traversante entre Talaa Sghira et Talaa Kebira

Le sandwich marocain à la viande à 10 Dh

Au musée Batha

Ruelle couverte vers Hay Amal Sidi Najjar, Meknès

Place Lahdim, Meknès

Street art vers Derb Zemouri, Meknès

Street art vers Derb Zemouri, Meknès

Suite principale du Palais Mokri

Suite principale du Palais Mokri

Riad El Fenn

Cours de cuisine avec Samira

Cours de cuisine avec Samira

Cours de cuisine avec Samira

Le thé en terrasse au riad El Fenn

Vue depuis la terrasse du riad El Fenn

Vue panoramique depuis la terrasse du riad El Fenn (clic pour agrandir)

Notre tajine à l’agneau, aux pruneaux et aux amandes

Vue depuis le riad El Fenn

Petit déjeuner muesli fruité au Café Clock

Un homonyme dans l’industrie de la torréfaction ?

Avec Zacharia, à Sefrou

Le minaret de la mosquée d’Oujloud

Minaret, vu de la terrasse du Café Clock

A l’Est, l’Algérie

Y’en a une qui fait le plein de soleil !

…et qui s’en met plein la panse. Oeufs à la berbère, boulettes kefta, hummus et tabouleh

Un voyageur néerlandais sorti de Mad Max

Retour à la maison : un essai d’oeufs à la berbère, dans mon tajine tout neuf

Lectures supplémentaires : « Imaginaire touristique et émotion patrimoniale dans la médina de Fès », Muriel GIRARD