Bon alors pour commencer, pour acheter de booons petits grains de kéfir ça se passe par ici. Testé et approuvé, la qualité est au top, l’emballage soigné et le vendeur disponible et agréable. Et puis comme je vous l’ai dit plus haut, les grains vont se multiplier très rapidement, à partir de là vous pourrez en refourguer à tous vos petits copains microbiologistes en herbe!
Voilaaa, j’espère que tout va bien pour vous, moi je vais m’empresser de poster cet article et de rentrer parce que je suis dehors et que je me fais bouffer par les moustiques…
Je vous avais rapidement parlé de mon prochain départ lors d’un précédent billet, mais au cas où vous l’ayez loupé : ça y est, je suis en Guadeloupe! Pour remettre les choses dans leur contexte, j’ai candidaté au CIRAD pour une offre de stage de fin d’études, où j’ai été recruté pour travailler sur la cercosporiose noire, une maladie du bananier. J’ai d’abord passé deux semaines sur le site de Baillarguet, à Montpellier, pour suivre une formation sur le protocole que je dois mettre en place en Guadeloupe (je pense que j’écrirai un article à part pour vous expliquer tout ça), avant de décoller pour la station expérimentale de Neufchateau.
Avant même de toucher le sol guadeloupéen, la première chose marquante sont les couleurs, qui percent les nuages bas pour arriver jusqu’au hublot de ton avion en approche, et te font bien comprendre que tu arrives en zone Caraïbes. Du vert vif pour les végétaux, de l’ocre foncé pour les terres, et bien sûr un dégradé de turquoise vers le marine pour le rivage et ses récifs coralliens. Une fois sur le tarmac, le stewart en rajoute évidemment une couche en annonçant en français, en anglais, mais surtout en créole que la température au sol est de 27°C. Par chance et malgré un retard dans vol, j’ai pu éviter d’une petite demi-heure la panique à l’aéroport de Pointe-à-Pitre causée par une coupure de courant, qui a fait que tous les avions ont du être détournés vers Fort-de-France, en Martinique. Bien renseigné sur les horaires des vols, Frédéric, mon maître de stage, arrive en parfaite synchronisation et m’accompagner à la station expérimentale, malgré que lui aussi soit fatigué d’un retour de congrès de planteurs à Cuba.
Le site de Neufchateau s’étend sur une quarantaine d’hectares de la commune de Capesterre-Belle-Eau, sur les douces pentes des contreforts Est du massif de la Soufrière. On y trouve la direction régionale du CIRAD pour la zone Antilles-Guyane, un institut technique bananier, ainsi que des équipes travaillant sur l’agronomie, la physiologie, l’épidémiologie, la virologie et la sélection variétale de l’ananas et du bananier. La page dédiée du site internet du CIRAD sera évidemment plus exhaustive. Le site est très bien entretenu, les bordures sont débroussaillées de près et les arbres bien taillés, et c’est en remontant une très jolie allée de fougères arborescentes traversant les premières parcelles d’essais de bananiers que l’on arrive au bâtiment de recherches. Plus haut encore, on aperçoit les premiers vrais reliefs de la Basse Terre, et sa forêt primaire. Cela dit, pas besoin de regarder bien loin pour voir des choses : il y a ici tout un tas de nouveaux oiseaux, reptiles, insectes et plantes faciles à observer, mais nous pourrons en parler plus tard.
Etant donné que c’est de saison, nous sommes une petite armée de stagiaires sur place, tous logés dans des bungalows situés vers l’entrée de la station. Ce sont des logements très corrects, bien équipés, en mode “la kaz a moin kréyol” (ma case créole), avec ou non vue sur la baie (je me suis fait arnaquer sur ce dernier point puisque j’ai une vue sur les bananiers, cela dit il y a toujours moyen d’aller prendre le ti’punch chez les voisins). Seul point noir au tableau : pas de connexion internet. Il existe un point d’accès wifi au “Guest”, le bâtiment d’accueil et de réunion situé entre les bungalows, mais le signal faiblard implique que l’on s’y installe en vrac sur les marches pour se connecter le soir. Malheureusement, ce point d’accès a été coupé ce weekend pour une maintenance réseau, ce qui implique de remonter au bureau pour se connecter. Pas très pratique et à suivre dans le courant de la semaine, mais on ne va pas trop râler au vu du prix plancher du loyer.
Parlant de weekend, celui de Pâques semble être un temps fort de l’année pour les Guadeloupéens, qui se retrouvent en famille autour de gros campements installés sur les plages. Pour ce premier weekend prolongé, la joyeuse troupe de stagiaires m’a embarqué avec elle pour vadrouiller sur l’île.
Vendredi, nous sommes partis en direction de la pointe septentrionale de Grande Terre pour une randonnée sur les falaises de calcaire au départ de l’anse de la Porte d’Enfer. Nous avons marché une petite dizaine de kilomètres sous la bienveillance du vol des frégates, et dans une brise atlantique traître ayant dissimulé la morsure du soleil caribéen. En chemin, nous nous sommes arrêtés pour profiter des embruns d’un souffleur, configuration rocheuse côtière produisant sous l’effet de la houle un geyser d’eau salée. En reprenant la voiture, et après un passage à la pointe de la Grande Vigie où nous avons pu observer le passage du cap de la part d’un banc de dauphins, pause plage de sable blanc à Anse Bertrand et premier masque-tuba très encourageant pour la suite des festivités.
Samedi, nous avons embarqué à partir de Trois Rivières pour une traversée sous la pluie et la houle mais rigolote, accompagnée par des poissons volants, en direction de l’île de Terre de Haut, aux Saintes. Pour faire bref sur le programme de la journée : balade et glandouille de plage en plage, lagons coralliens et pleine ouverture sur l’Atlantique inclus. Hé ben, les Saintes c’est bien joli, mais c’est vraiment tout rikiki et très aride en cette saison. J’imagine que j’aurai l’occasion d’en reparler, mais en comparaison à la côte au vent (côte Est) de Basse Terre et ses 12 000 mm de pluie annuelle (oui oui, 12 m), les Saintes ne reçoivent qu’un “petit” 1 750 mm. Niveau topographie, Terre de Haut est assez encaissée, mais reste toute en pentes douces, et l’île peut être intégralement parcourue à pieds en moins d’une petite demi journée. Bien que les saintois soient reconnus comme des pêcheurs hors pair, les habitants semblent s’essayer au retour à la terre, et ont installé quelques animaux sur leurs parcelles. Malheureusement, la repousse semble très limitée en cette période sèche, et le complément fourrager inexistant. Résultat : des bêtes en pauvre état et des sols mis à nu qui s’érodent sous l’effet du piétinement et des alizés. Au delà de cet aspect agro, la vie semble tranquille sur l’île, au point de se demander ce que les saintois font de leurs journées, quand ils ne travaillent pas à l’accueil des nombreux touristes qui affluent chaque matin par les navettes maritimes. Bref, une chouette journée aux Saintes.
Dimanche, nous avons été faire un tour en Grande Terre, dans la ville de à Morne-à-l’Eau. Il est à noter qu’en cette période des fêtes de Pâques, et en tant qu’aliment maigre, le crabe est un mets de choix. D’autre part, certaines communes idéalement situées sur des territoires marécageux sont imprégnées d’un important folklore lié à ce fier décapode. C’est ainsi que les mornaliens célèbrent chaque année pour le weekend de Pâques la Fête du Crabe, où l’on mange des plats à base de crabe, où l’on parle de crabe, où l’on se fait pincer fort par des crabes, où l’on élit le plus gros crabe, où l’on fait des courses de crabes, et où l’on danse et l’on chante crabe. C’est crabement drôle et bon enfant.
Lundi, changement de décor puisque nous nous sommes promenés sur Basse Terre, en en faisant le tour complet par la très belle nationale, toute en courbes, en montées et en descentes, longeant la côte, surplombant la mer et traversant la forêt primaire, tout offrant des points de vue à couper le souffle. A tenter absolument en moto. Il est amusant de noter à quel point la côte au vent (Est) et la côte sous le vent (Ouest) sont différentes, l’une humide et luxuriante, l’autre beaucoup plus aride, et de constater que l’on traverse un si grand nombre d’environnements en un si faible kilométrage. Dans cette journée de balade, nous nous sommes arrêtés à la plage de Malendure, qui délimite avec les ilets Pigeon la réserve Cousteau, dans laquelle il est facile de nager avec des tortues de mer ! Sur le chemin du retour, nous avons fait une pause rafraîchissante à la cascade aux écrevisses, située sur la route de la Traversée, en cœur de Parc National, pour une baignade ombragée en eau douce bien réconfortante après l’eau de mer et le soleil.
Pour finir, pour reprendre les bonnes habitudes, des photos !
Bisous, prenez soin de vous !
« La kaz »
« La kaz »
« La vue depuis la terrasse des voisins »
« Entrée de la station »
« Entrée de la station : allée de fougères arborescentes »
« Bureaux et labo »
« Anse de la Porte d’Enfer »
« Trou de Madame Coco »
« La côte »
« En contrebas »
« Végétation »
« Pas dangereux du tout »
« Turquoise »
« Souffleur »
« Plage de l’Anse Bertrand »
« Traversée sous la pluie »
« Les Saintes sous la pluie également »
« Les Saintes »
« Les Saintes »
« La Baie des Saintes »
« Un lagon de l’autre côté de l’île »
« Plage du lagon »
« Des cocotiers, des chèvres et des iguanes »
« Mouillage dans la baie des Saintes »
« Aérodrome en bord de plage, décollage plein Atlantique »
Après presque deux mois sans article dactylographié (mine de rien, écrire demande plus de temps que de préparer une planche de BD), il est temps pour moi de reprendre le clavier, pour parler cette fois-ci d’alimentation. Certes, depuis quelques jours l’Europe est prise dans un nouveau scandale agroalimentaire qui n’a heureusement rien de sanitaire, mais rassurez-vous, ce n’est pas le sujet que j’aimerais aborder aujourd’hui, et puis les autres le feront très bien pour moi.
Hier, c’était mardi. Et comme tous les mardis depuis maintenant un mois, je rejoins les autres à 19h30 sur le parking de la résidence pour récupérer mon panier de légumes auprès d’Abderrahman, le maraîcher. C’est en début d’année que je me suis inscrit à l’AMAP de SupAgro, non pas en tant qu’une stupide bonne résolution de la nouvelle année, mais parce que je trouvais intéressant de me faire livrer régulièrement un panier de légumes de saison, produits localement, qui me permettraient de varier et équilibrer mon alimentation. Je me fiche personnellement que ces légumes soient cultivés en agriculture conventionnelle, biologique, ou biodynamique, pour peu que l’agriculteur le fasse de manière raisonnée (ici aucun souci, Abderrahman est en conversion AB). Et puis, il y a un aspect pratique indéniable: je n’ai pas besoin de réfléchir à quoi acheter, je reçois toutes les semaines un panachage de fruits et légumes qui me permet moduler mes menus d’étudiant, pour un prix que j’estime tout à fait correct (en fait, je crois même que mon budget bouffe a diminué).
Parmi tous ces points, la question centrale reste la notion de diversité et de saisonnalité des produits.
Certains vous diront ainsi que contracter à une AMAP en hiver est quelque chose de triste, synonyme de longues soirées au coin du feu rythmées par un morne et invariable repas à base de patates et de poireaux (quand ce n’est pas du chou). Souvent, ce seront ces mêmes personnes qui, sous couvert de volonté de diversité alimentaire, auront tendance à se tourner vers des productions désaisonnées, cultivées le plus souvent sous serre en Espagne quand ce n’est pas à l’autre bout de la planète. Au delà des interrogations qui peuvent être soulevées lorsque l’on mange au 25 décembre une cerise chilienne (oh et puis merde, c’est le 25 décembre après tout), il serait temps de nous demander où en est l’éducation à l’alimentation, dans le contexte d’une importante diversité des productions à l’échelle nationale. Car oui, notre bonne vieille France cultive dans ses terres fertiles un grand nombre d’espèces et de variétés potagères et fruitières, se déclinant en une infinité de formes, de couleurs, de textures et de saveurs, et ce tout au long des saisons (sans parler aujourd’hui de variétés anciennes qui sont un tout autre sujet, jetez donc un oeil au catalogue maraîcher des graines Woltz).
Seulement, à l’autre extrémité de la chaîne logique se trouve la grande distribution qui, plutôt que de profiter de cette diversité, s’obstine a commercialiser un faible nombre d’espèces et de variétés, le plus souvent importées, désaisonnées, calibrées et standardisées pour fournir un produit identique 365 jours par an, conforme aux attentes d’un consommateur lambda.
Je fais partie de la génération Y, dite du « pourquoi ». Mes parents quant à eux sont issus de la génération X, « marquée par d’importants changements technologiques et un sentiment que rien n’est impossible, pour peu que les moyens y soient mis ». Personnellement, j’ai plutôt le sentiment que les années 70-90 peuvent être caractérisés par un consumérisme acharné, mais peu importe. J’ai grandi dans un milieu social ouvrier, mais mes parents ont fait en sorte que nous ne manquions de rien. La quasi-totalité de l’alimentation de notre foyer était issue de la grande distribution. J’estime avoir reçu une bonne éducation, et reposer sur des valeurs morales correctes. J’ai donc grandi comme un français tout ce qu’il y a de plus standard, en consommateur lambda dont la connaissance des fruits et légumes s’est plus ou moins limitée au monde du supermarché.
Et en bon Y, je me pose maintenant tout un tas de questions. Comment se fait-il que je n’aie jamais reçu d’éducation concernant la diversité des possibles dans l’alimentation issue de la production agricole non transformée ? Pourquoi ais-je du aller jusqu’à une formation supérieure en agronomie pour m’en rendre compte ? De manière plus large, quelle doit-être la place du système éducatif dans l’enseignement de l’alimentation, non seulement au delà des questions de diététique à mes yeux inutilement prépondérantes, mais surtout en termes d’enseignement d’une culture générale agricole ?
A l’heure actuelle, des documents de référence comme le Programme National Nutrition Santé, dont la première version remonte à 2001, permettent d’apporter un certain nombre de réponses au travers de certains de ses axes, comme ceux présentés ci-dessous :
Améliorer l’offre alimentaire :
Prendre de bonnes habitudes alimentaires dans le cadre scolaire ou périscolaire, en facilitant l’apprentissage de bonnes pratiques alimentaires par les étudiants et leur découverte des produits bruts à un tarif social
Favoriser l’innovation dans le champ des productions agricoles, de la pêche et de l’alimentation, notamment pour les PME
Améliorer l’accès aux produits de base
Améliorer ou conserver la qualité organoleptique de l’offre alimentaire
Développer des variétés végétales à haute valeur environnementale, nutritionnelle et organoleptique
Améliorer l’information sur les variétés commercialisées
Rapprocher producteurs et consommateurs: développer les productions agricoles et de la pêche en circuits courts ou de proximité, faciliter l’accès des consommateurs de la restauration collective publique aux productions issues de ces circuits
Renforcer l’éducation nutritionnelle en milieu scolaire par :
le développement de l’éducation à la nutrition en s’appuyant notamment sur les programmes scolaires, particulièrement en CE2 et 5è
la valorisation et la diffusion d’outils de référence en éducation nutritionnelle pour l’école primaire comprenant des outils d’analyse de la publicité alimentaire des outils d’éducation sensorielle et des outils pour des ateliers culinaires
la sensibilisation des parents, sur la base du dossier documentaire réactualisé
la diffusion d’une circulaire portant sur les prises alimentaires à l’école, au collège et au lycée
Malgré une volonté visiblement marquée de travailler sur des questions d’éducation, je n’ai aucun souvenir d’interventions de sensibilisation sur ces problématiques (en 2001, j’étais alors en 5ème), et je n’ai pas l’impression que ce soit non plus le cas aujourd’hui. Le fait que le PNNS ne soit équipé que d’outils incitatifs plutôt que coercitifs est-il ainsi pertinent ? Prenant ainsi ces questions par la base que constitue l’éducation, serait-il intéressant de réorienter le crédo de ce programme vers un « découvrez-mangez » plutôt que « mangez-bougez » ?
Et vous, que faites-vous au quotidien pour éduquer votre entourages à la diversité des possibles en termes d’espèces et de variétés alimentaires, ainsi qu’à la notion d’aliments de saison ? Amis instituteurs, dans quelle mesure ces notions sont-elles présentes au sein de vos programmes d’enseignement ?
J’aimerais lancer le débat: à vos claviers, donc !
Eh oui, on utilise R à toute heure en sélection des plantes! 🙂
Pour les personnes ne le connaissant pas, R est un puissant logiciel libre de traitement statistique, que nous utilisons au quotidien pour traiter et nous y retrouver dans la masse de données liée à la génétique de nos plantes. Il est largement utilisé dans les laboratoires de recherche, en particulier pour valider les données issues des expérimentations. En tant que logiciel libre, tout un chacun peut l’améliorer, et c’est pour cela que l’on trouve sur internet des modules complémentaires permettant d’effectuer des calculs spécifiques à différentes disciplines scientifiques.
Fonctionnant en ligne de commande, il peut paraître rebutant à l’utilisation, mais cet aspect est vite gommé par les résultats obtenus ! L’idéal pour commencer serait alors d’investir dans un bouquin d’initiation, comme « Statistiques avec R » des Presses Universitaires de Rennes, un ouvrage clair et illustré pour bien débuter!